Un choix de matériaux locaux et responsables
Construire moins mais mieux
L’empreinte carbone du secteur de la construction est significative pour de nombreuses raisons : production des matériaux, transport des produits, consommation de carburant sur les chantiers, pratiques de recyclage, etc. En France, on estime que l’empreinte carbone du secteur de la construction est proche d’une tonne de CO2 par mètre carré construit. Il est donc urgent de construire moins mais mieux en valorisant la rénovation, le recyclage, les matériaux naturels et locaux. Il est temps aussi de donner du sens à ses projets : agit-on vraiment contre le réchauffement climatique quand on s’appuie sur des produits pétroliers pour isoler sa maison ?
En sortant de leurs habitudes, clients, architectes et artisans peuvent pourtant faire des choix en faveur d’une économie locale et circulaire bénéfique pour la santé de tous, l’environnement et la qualité de vie dans nos territoires. Exemples :
- Dans une logique de sobriété constructive nous étudions avant toute démolition la possibilité de réemployer ce qui pourrait l’être : ainsi le bois de charpente peut-être réutilisé pour faire des garde-corps, les radiateurs en fonte ou acier sont décapés et repeints, les menuiseries intérieures, les sanitaires rénovés et réemployés sur site…
- Dès la conception de nos projets nous évitons les solutions tout béton quand les conditions réglementaires et économiques sont réunies. En effet le béton nécessite une énergie considérable pour être produit et arrive en tête des émissions de CO2 émises dans le secteur du bâtiment. Le béton réclame également tellement de sable que cette matière est la deuxième la plus exploitée après l’eau et que les gisements commencent déjà à manquer entrainant ainsi des tensions géopolitiques (le sable des déserts n’étant pas compatible avec le béton). Des solutions alternatives éprouvées existent et méritent qu’on s’y intéresse pour l’avenir de nos enfants comme par exemple les dalles de chaux ou les blocs de construction en chanvre.
- Pourquoi prescrire encore des menuiseries en aluminium ou en PVC quand celles en bois sont plus chaleureuses, plus vertueuses au regard des émissions de gaz à effet de serre et recyclable sans gaspillage d’énergie ?
- Pourquoi avoir recours systématiquement aux ouvrages en plaques de plâtre (le placo) pour doubler les murs, bâtir les cloisons et les faux-plafonds ? La plaque de plâtre nécessite d’être peinte donc à introduire des composants chimiques dans le bâtiment. Elle n’a aucune inertie, elle ne sait ni réguler l’hygrométrie ni la chaleur ce qui oblige à recourir à des béquilles technologiques comme la climatisation pour conserver des ambiances acceptables.
Construire rustique mais pas rudimentaire
Travailler sur l’inertie et l’hygrométrie
Nous prescrivons quand c’est pertinent des matériaux biosourcés ou géosourcés plus vertueux que les solutions industrielles : les cloisons bâties en briques de terre crue apportent par exemple de l’inertie thermique, absorbent l’humidité de l’air en excès et la restituent quand l’air est trop sec. Elles ont également l’avantage de neutraliser les odeurs et confèrent aux espaces une isolation phonique incomparable. Les briques de terre crues que nous mettons en œuvre sur nos chantiers sont fabriquées dans le Tarn avec de la terre locale. Les employer c’est faire le choix d’une économie locale et d’une mise en valeur du savoir-faire des artisans plutôt que de recourir systématiquement à des solutions industrielles limitant le rôle de l’ouvrier à celui de poseur.
Travailler sur l’isolation
En matière d’isolation les laines minérales couteuses en énergie à produire peuvent être remplacées par de la laine fabriquée à partir de textiles récupérés dans des centres de tri. Les panneaux de liège ou de laine de bois remplacent également avantageusement la mousse polyuréthane et le polystyrène.
Travailler sur l’effusivité
Pour éviter la sensation de paroi froide qui nous incite à augmenter le chauffage, une correction thermique telle qu’un plafond en bois ou un enduit mural composé de chaux et de chanvre apportent un sentiment de chaleur subjective. Nous avons tous fait cette expérience liée à la faible effusivité de ce type de matériaux, mais cette caractéristique n’est pas prise en compte dans les bilans thermiques et reste peu exploitée dans les bâtiments d’aujourd’hui.